dimanche 8 mars 2015

A journée spéciale, article de circonstance

Il y a deux mois quasi jour pour jour que je n'ai pas écrit.

Examens, épuisement, perte d'inspiration ou d'occasion... Je ne voulais pas non plus forcer ma plume pour ne pas vous faire lire quelque chose qui ne me ressemblerait pas.

Mais aujourd'hui, c'est le 8 mars, journée des droits de la femme, et je sors de mon mutisme.

Celles et ceux qui me connaissent savent que je suis féministe.

Féministe au sens si bien défini par Emma Watson: loin de détester les hommes comme ce (gros?) mot le sous-entend souvent à tord, j'estime juste que nous sommes absolument égaux à tous points de vue ; jusqu'à me dire que cette journée ne devrait pas exister, au même titre que l'on souhaiterait tous que les Restos du Coeur n'aient pas eu besoin d'être créés.

Mais les femmes n'ont pas les mêmes droits que les hommes, n'ont pas les mêmes salaires et cela est révoltant. Et encore, je ne parle que de nos sociétés censées être les modèles du monde, pas des pays sous-développés... Bref.

Vous le savez, et si vous ne le savez pas, il n'est jamais trop tard pour l'apprendre: mon domaine à moi c'est la musique.

Et comme le hasard fait toujours bien les choses, il se trouve que dans la nuit d'hier à aujourd'hui j'étais bénévole pour un super event: La Nuit Rouge x Crossover.

"Quel est le rapport?" Me direz-vous... Ne vous en faites pas, vous le saisirez bien assez tôt.

J'adore faire du bénévolat pour le Crossover depuis l'été dernier. Les équipes sont adorables, l'ambiance est géniale, je rencontre du monde, je peux un peu profiter du concert ; bref c'est génial. Et les spectateurs des concerts ne se rendent pas compte mais ils sont pour beaucoup dans l'équation qui nous permettra de passer une bonne ou une mauvaise soirée. Un "bonsoir" "s'il te plait, merci" peuvent tout changer. Rappelez-vous juste que si vous vous éclatez, c'est grâce à toutes ces personnes qui donnent de leur temps et qui souvent, n'en dorment pas pendant plusieurs jours. 

Visiblement, hier soir, ils étaient beaucoup à l'avoir oublié.

Pour la première fois de ma vie, j'ai été harcelée.

Et ça fout une claque.

Oh non, je vous rassure, rien de méchant, certains penseront même que je me plains pour rien.

Ca a commencé à 22h, heure du début du concert, avec des "Comme elle est trop belle la demoiselle! Eh t'es trop belle franchement. T'as un copain? T'es sûre t'as pas un numéro de téléphone à me passer?" 
Sourire gêné, passe à autre chose. 
Et le suivant "T'as des trop beaux yeux la biche, fais voir un peu tes lunettes"
Et cet attroupement de 10 mecs qui s'amusent à essayer de trouver ton prénom en beuglant "Cécile! Camille! Eh vas-y Simone! Corentine!" pendant 5 à 10 longues minutes.
Regard désespéré à mes copines de bénévolat dont une finit par lâcher un "mais laissez la tranquille à la fin!"
Vient le moment où un des types, dans l'effervescence bovine, balance "ton c** c'est de la braise, jte défonce". 
Et là c'est clairement la fois de trop. Je refuse de le servir. Il me demande pourquoi, ce à quoi je rétorque qu'apprendre un peu de respect ne lui ferait pas de mal et que tant qu'il n'aurait pas les notions de bases, il pouvait aller voir ailleurs si j'y étais. 
Pendant les 5 minutes de pause que je me suis octroyée je me suis faite suivre par un type qui me répétait inlassablement que j'étais "bonne" et que mes lunettes me donnaient un air de "cochonne" parce qu'après tout "femme à lunette...". J'ai préféré retourner bosser.

Si seulement tout c'était calmé... Mais non.

Non.

Ces espèces de bêtes humaines rendues hagardes par la drogue ont continué de plus belle. 

De 22h à 5h du matin, on ne m'a pas lâchée.

6h à me prendre des réflexions en non-stop.

Oui, oui, j'étais flattée au début d'entendre que j'avais des jolis yeux, oui mon égo a été reboosté l'espace d'un instant. Ce serait mentir que de dire le contraire, mais il y a différentes manières de dire à une fille qu'elle est jolie et vous vous doutez je je n'ai pas eu droit à la plus grande finesse.

Il y a eu ce moment où un pauvre type un peu trop insistant m'a rendue dingue. J'ai eu les larmes aux yeux, je lui ai tourné le dos l'espace d'un instant pour respirer. Une des bénévoles l'a pris à parti et lui a ordonné de se barrer (ce qu'il n'a pas fait). J'étais complètement désorientée l'espace d'une minute, une espèce de bourdonnement dans les oreilles.

Comment en arrive-t-on au point où ce qui est censé être un compliment devient une agression?

Etait-ce alors un problème d'éducation?

Est-ce qu'un garçon à un certain moment oublie que toute fille est une potentielle mère, comme celle qu'il idolâtre surement?

Alors oui, il y en a eu 2 ou 3 très gentils qui redonnaient un peu foi en la gente masculine mais ils n'étaient que trop peu nombreux. Il y en a même un qui nous a défendues face au type trop insistant qui était revenu quelques heures après.

C'était la première fois que je me faisais autant complimenter et c'était aussi la première fois que je me sentais harcelée, agressée verbalement. 

Je me suis sentie sale.

Après tout, je n'aurais peut-être pas dû mettre ce rouge à lèvres ou ce mascara...

Mais non! Surtout pas! C'est tout ce qu'il ne faut pas penser et c'est pourtant la première chose qui m'est venue à l'esprit.

Je me rends coupable d'un comportement dont je ne suis pas responsable.

Cet article est déjà bien trop long pour une anecdote qui n'est pas si dramatique mais qui m'a profondément marquée et qui pousse à la reflexion sur la situation des femmes.

Je suis loin d'être un canon de beauté, je suis à des milliers de kilomètres du mannequinat. Je ne suis qu'une fille qui faisait du bénévolat un samedi soir en col roulé-jean-basket.

Alors pensez à celles qui vivent ce manque de respect quotidiennement...

A tous mes lecteurs masculins, la prochaine fois que vous regarderez une fille qui vous plait, repensez à mon article et trouvez un moyen subtil de lui faire comprendre ce que vous pensez. C'est tellement plus efficace.

De manière générale, quand vous allez à un concert, pensez à tous ceux qui donnent de leur temps pour que vous puissiez vous amuser. 

Votre sourire vous sera toujours rendu.

Bisous à tous et surtout aux bénévoles!